Lire un discours généré par l’IA comme si vous étiez humain : Auchincloss et ChatGPT

Je me fiche de savoir qui ou quoi a écrit votre discours. Mais s’il vous plaît, lisez-le comme un humain.

En fin de mois dernier, le politicien américain Jake Auchincloss a fait les gros titres en affirmant être la première personne au Congrès à prononcer un discours entièrement rédigé par une intelligence artificielle.

ChatGPT a fait un très bon travail sur le texte. Ce n’est pas une surprise.

Discours de Jake Auchincloss au Congrès : qui a le mieux réussi, l’homme ou la machine ?

Mais le discours de M. Auchincloss était horrible. Et c’est là que réside la leçon pour tout orateur en herbe. Peu importe qui a écrit votre discours, si vous le prononcez mal, vous aurez l’air d’un robot.

Voici quelques conseils intemporels pour M. Auchincloss et tous ceux qui doivent lire des textes, qu’ils soient générés par des robots ou par des rédacteurs de discours chevronnés.

Connaissez votre phrase d’introduction par cœur. L’introduction de ChatGPT est claire et nous dit immédiatement pourquoi nous sommes ici. C’est déjà une amélioration par rapport à de nombreux orateurs qui se contentent d’une introduction paresseuse du type « Alors… » ou qui nous font perdre notre temps en nous disant à quel point ils sont heureux de nous parler. Mais au lieu d’établir un contact visuel avec son public, M. Auchincloss gaspille ces premières secondes critiques en lisant ses premiers mots tirés du script : « Monsieur le Président, je suis ici aujourd’hui parce que j’ai l’intention de réintroduire la loi sur le centre d’intelligence artificielle États-Unis-Israël. »

Même un humain pourrait mémoriser cela.

Faites des phrases courtes. ChatGPT et M. Auchincloss se sont tous deux trompés sur ce point. Les phrases longues sont difficiles à lire, et donc à comprendre. Si votre chatbot ou votre rédacteur de discours vous a donné des phrases interminables s’étendant sur plusieurs lignes, coupez-les en deux.

La première phrase de M. Auchincloss en est un exemple : « Monsieur le Président, je suis ici aujourd’hui parce que j’ai l’intention de réintroduire le United States-Israel Artificial Intelligence Center Act, un texte législatif bipartisan qui cimentera un partenariat mutuellement bénéfique entre les États-Unis et Israël dans le domaine de la recherche sur l’intelligence artificielle. » Il n’est pas très difficile de reformuler la seconde moitié de la phrase : « Cette loi bipartisane cimentera… ».

Pause. C’est purement la faute de M. Auchincloss. Les phrases de ChatGPT sont peut-être longues, mais au moins elles sont ponctuées. M. Auchincloss ne fait pas la différence entre une virgule et un point.

Une fois que vous avez votre discours en main, avant de le prononcer, je vous recommande de prendre un stylo et de marquer les pauses clés tout au long du discours. Cela présente de nombreux avantages. Entre les phrases, une pause vous donne le temps de respirer et de regarder votre public. Au milieu d’une phrase, elle peut attirer l’attention sur un seul mot. Après une phrase, elle peut suggérer que ce que vous venez d’entendre est important et que vous avez besoin d’un moment pour le digérer. À tout moment, un silence obligera votre auditoire à lever les yeux de son téléphone ou de son nombril pour savoir pourquoi vous vous êtes arrêté.

Et, avec un soupçon d’histrionisme, essayez de faire une pause de temps en temps, comme si vous cherchiez le bon mot. Cela donne un sentiment engageant de – comment dit-on – spontanéité ? C’est ce que j’appelle l’artifice de l’authenticité. Cela pourrait nous permettre de garder une longueur d’avance sur les robots.

Charles Fleming, 6 février 2023